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[Edmond Rostand]

 

Le petit chat
[Le petit chat]

 

Le petit chat.
C'est un petit chat noir, effronté comme un page.
Je le laisse jouer sur ma table, souvent.
Quelquefois il s'assied sans faire de tapage;
On dirait un joli presse-papier vivant.

Rien de lui, pas un poil de sa toison ne bouge.
Longtemps, il reste là, noir sur un feuillet blanc,
A ces matous, tirant leur langue de drap rouge,
Qu'on fait pour essuyer les plumes, ressemblant.

Quand il s'amuse, il est extrêmement comique,
Pataud et gracieux, tel un ourson drôlet.
Souvent je m'accroupis pour suivre sa mimique
Quand on met devant lui la soucoupe de lait.

Tout d'abord de son nez délicat il le flaire,
Le frôle; puis, à coups de langue très petits,
Il le lampe; et dès lors il est à son affaire;
Et l'on entend, pendant qu'il boit, un clapotis.

Il boit, bougeant la queue et sans faire une pause,
Et ne relève enfin son joli museau plat
Que lorsqu'il a passé sa langue rêche et rose
Partout, bien proprement débarbouillé le plat.

Alors, il se pourlèche un moment les moustaches,
Avec l'air étonné d'avoir déjà fini;
Et, comme il s'aperçoit qu'il s'est fait quelques taches,
Il relustre avec soin son pelage terni.

Ses yeux jaunes et bleus sont comme deux agates;
Il les ferme à-demi, parfois, en reniflant,
Se renverse, ayant pris son museau dans ses pattes,
Avec des airs de tigre étendu sur le flanc.

Mais le voilà qui sort de cette nonchalance,
Et, faisant le gros dos, il a l'air d'un manchon;
Alors pour l'intriguer un peu, je lui balance,
Au bout d'une ficelle invisible un bouchon.

Il fuit en galopant et la mine effrayée,
Puis revient au bouchon, le regarde, et d'abord
Tient suspendue en l'air sa patte repliée,
Puis l'abat, et saisit le bouchon et le mord.

Je tire la ficelle, alors, sans qu'il le voie;
Et le bouchon s'éloigne, et le chat noir le suit,
Faisant des ronds avec sa patte qu'il envoie,
Puis saute de côté, puis revient, puis refuit.

Mais dès que je lui dis: "Il faut que je travaille;
Venez vous asseoir là, sans faire le méchant!"
Il s'assied ... Et j'entends, pendant que j'écrivaille,
Le petit bruit mouillé qu'il fait en se léchant

Δ

Le Petit chat

E' un gattino nero, sfrontato, oltre ogni dire,
Lo lascio spesso giocare sul mio tavolo.
A volte vi si siede senza far rumore,
quasi un vivente fermacarte.

Gli occhi gialli e blu sono due agate.
A volte li socchiude, tirando su col naso,
si rovescia, si prende il muso tra le zampe,
pare una tigre distesa su di un fianco.
.................................
Ma eccolo ora - smessa l'indolenza -
inarcarsi - somiglia proprio ad un manicotto;
e allora, per incuriosirlo, gli faccio oscillare davanti,
appeso ad una cordicella, un mio turacciolo.

Fugge al galoppo, tutto spaventato,
poi ritorna, fissa il turacciolo, tiene un po'
sospesa in aria - ripiegata - la zampetta,
poi abbatte il turacciolo, l'afferra; lo morde.

Allora, senza ch'egli la veda, tiro la cordicella,
ed il turacciolo si allontana, e il gatto lo segue,
descrivendo dei cerchi con la zampa,
poi salta di lato, ritorna, fugge di nuovo.

Ma appena gli dico "Devo lavorare,
vieni, siediti qua, da bravo!" si siede..
.
E mentre scribacchio sento
che si lecca col suo lieve struscio molle.

Δ

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