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[Albert Samain]

 

Son rêve fastuex

 

La Dame de Printemps
[La Dama de Primavera]

 

Son rêve fastueux

 

Son rêve fastueux, seul, lui donnait des fêtes ;

il avait son orgueil intime pour ami.

Grave, pour dérider un peu son front blêmi,

il regardait ses fleurs et caressait ses bêtes.

Soumis à ses grands yeux étranges de prophète,

de beaux désirs pareils à des tigres parmi

les jungles de ses sens s' étiraient à demi.

Il vivait seul avec son âme pour conquête.

Dans le palais silencieux qu' était son coeur,

des femmes, que gardait secrètes son humeur,

languissaient, comme des sultanes, près des urnes...

lui, pâle, par les soirs délirants de jasmins

s' agenouillait, des larmes chaudes sur les mains ;

et parfois, soeur aimante, aux terrasses nocturnes

la mort venait baiser ses lèvres taciturnes.

 

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La dame de printemps

 

Ses longs cheveux d’aurore ogivant son front lisse,
la dame de printemps, en un songe éternel,
au bord du lac où sonnent les cors d’Avenel
mire les fleurs de sa robe de haute lisse.

Parmi l’avril épars, et les tièdes délices,
limpide, elle sourit à l’azur fraternel.
Ses yeux ont la couleur du lac originel,
et son corps se balance au rythme des calices.

L’étendard bleu frissonne au vent sur les tourelles :
or le doux mal qui chante au coeur des tourterelles
en son coeur berce un rêve ineffable à saisir.

C’est la langueur d’aimer qui brame sur la berge,
et de ses longues mains, elle flatte, la vierge,
à ses pieds allongé son tigre, le désir.

 

 [Le Chariot d’or]

 

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[La dama de Primavera]

 

Els llargs cabells d’aurora fent d’ojiva al front llis,
dama de primavera, en un somni eternal,
vora el llac on els cors se senten d’Avenal,
d’alta barana mira les flors del seu vestit. 

Entre tebis encisos, enmig l’abril espars,
li fa un somriure, límpida, a l’atzur fraternal.
Té els ulls de la color del llac original,
i el seu cos balanceja al ritme de les flors. 

Al vent dels torricons l’estendard blau tremola:
ara el dolç mal que canta en el cor de les tórtores
en el seu cor un somni indicible bressola. 

És la llangor d’amar que brama en el ribàs,
i amb les seues mans llargues acarona la verge,
als seus peus estirat, el seu tigre, el desig.

 

                                                                [Versió d’Eduard J. Verger]

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