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Alors me voilà, avec notre loi ancestrale et vieille,
Ma parole pour l'ultime repos de nos suppliciés,
Qui, par champs et rues, par monts et vallées, d'une mer à l'autre
Gisent ça et là, éteints et occis, milliers par milliers.
Alors prenant feu de notre fournaise où rougeoient les
flammes,
J’allume à nouveau sous le firmament impavide et froid
Massis et Ara, Sipan et Sermants, Nèmrout, Tandourèk,
J'allume un à un ces flambeaux géants du monde arménien
Tandis que soleil, le phare lointain du saint Aragats,
Brasier toujours clair, inaccessible est présent sur moi...
Me voici puissant, solitaire et sûr comme le Massis.
Alors j'ai nommé les âmes ployées, à jamais éparses
Jusqu'en Assyrie, Mésopotamie, jusqu'à notre mer,
Jusqu'en Hellespont, jusqu'aux flots battant les rives pontiques
Dormez mes gisants... Vains sont les sanglots, vains et inutiles...
L'homme ensauvagé, les crucifixions, quand cesseront-ils ?
L'Euphrate à ma droite, à gauche le Tigre, épelant des
psaumes
Démentiellement, passent et s'en vont par de longs abîmes
Les nuages hors du Val de Tsirav, - encensoir immense -,
S’ouvrent un chemin par les Monts Fleuris, les monts arméniens,
Et gorgés d'odeur, ils s'ébranlent tous vers des lieux au
loin
Pleuvant de cristal, brûlant de parfum, enivrant les fleurs,
Jusqu'en Assyrie, Mésopotamie, jusqu'à notre mer,
Jusqu'en Hellespont, jusqu'aux flots battant les rives pontiques :
Dormez mes gisants... Vains sont les sanglots, vains et inutiles...
L'homme ensauvagé, les crucifixions, quand cesseront-ils?...
Traducció
de Gérard Hékimian
[Houhannès Thoumanian] |
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