I
Au quart de lune ou à la rose trémière
sur le trèfle ou sur le coeur
s'arrêtera la roue de fortune
et l'épée au centre de la table d'émeraude
partagera le sang de la terre
la perle noire décidera du jour à venir
rondeur des heures ou instants de douleur
le tigre entrera de plein pied dans la réalité
le tigre ou le serpent sacré
toutes griffes dehors ou le venin purifié
pour un retour aux transparences premières
II
Aucune lueur sur la lagune mais la foudre guette
sous le manteau le fouet d'acier attend la chair
et les trophées gisent par milliers
sur les chemins de glaise
le temps de l'éclair passé
nous reprendrons place aux fenêtres d'exil
l'ombre de la sentinelle est son ennemie
et les ombres seront abattues comme des ombres
III
Au coin de l'oeil défileront les grandes forêts décapitées
de derrière le roc surgiront les pyramides de bois de lit
puis la rose des bois le bois de rose
et la rose au lit de bois pour un amour sans défaite
on oubliera le nœud de veines rouges dans le bois blond
la flamme retournera au cœur du foyer
où ses cendres furent dispersées et reprendra sa tâche
IV
Dans le remous de nuit le vorace veille toujours
les ailes déployées au-dessus de la proie heureuse
couchée sur la margelle du puits.
[Roland Guiguère] |