L'île
lance la jetée fort avant dans la mer jusqu'à
l'amertume intense
Jetée dure géometrie dans l'abreuvante poésie des
horizons liquides
Jetée poignard dans la chair lamentable des voyages
Jetée thermomètre dans la baignoire du golfe
ensoleillé
Jetée couperet de guillotine qui tranche flots sanglots
mouchoirs lettres et mouette dans la tempête trop tôt
trop tard trop loin jamais
Jetée ligne droite assiégée par des triangles cônes
losanges paraphes coipoles et toupies de folie verdâtre
Jetée devoir de pierre imposé au tempérament
exubérant de la mer vices noirs passions bleues tout
avoir tout manger sucer mordre cracher pomper délirer
Jetée tremplin d'angoisse sur la mer foule houle
évasion tohubohu chimie et jeu de boules vertes qui se
débraille en manches de chemise écume sensualité dans
les dimanches de l'enfer
Sur la jetée debout Beny spiarle de tendresse parfumée
Elle est vêtue mais soudain la nudité étincelante de
son âme sous la douche d?azur soleil et vent salé
Sa bouche Sa bouche
Je l'embrasse et ses bras autour de mon cou et son cher
visage dans ma poitrine
Un long baiser arrachement
Je suis l?une des deux làvres de la blesure et je m'en
vais
L'autre c'est elle debout sur la jetée
Les vagues mouillent ses pieds en riant aux larmes comme
des jeunes filles qu'on joue à chatouiller iii aaaaaa
gggggggg iiiiii glott glouglouglou plic glang gloutt
Dans l'eau jusqu'au ventre rouge les barques grasses
obscènes maternelles sous leurs voiles mamelles
dégonflées dont la lait a nourri tout le ciel pur
enfantelet
Je danse dans mon canot neurasthénie des vagues et leurs
manipulationsbousculade rixe assaut de blocs
Boxe de 3 vagues debout puis tous les trémolos des
violons des souvenirs
Accouplements de nostalgies plaintives
Tressaillement d'échos
Echafaudage de notes ambitieuses et tout à coup les
motif dominant
Déchirant 20 fibre-nerfs et 50 violoncelles avec leurs
ritournelles de remords 100 200 1000 clarinettes
d'angoisse préhistorique et enfin à l'unisson
plainchant
Ampleur poids des négations totales
Tonnerre pathétique
Sous mon canot qui danse joyeux les gorges chaudes des
vagues jasent gazouillent gloussent jappent pouffent de
rire tout a coup se chamaillent
Réconciliation ets leurs aveux soupirs mots chuchotés
dans le creux de l'oreille
La mer veut me séduir par ses orchestres dechirés par
top d'archets aigus dans mon flanc de Christ crucifié
sur cette croix infinie
Oh! decendre aus profendeurs absolvants
Transparence
Comme un cristal de sentiment parmi les vagues des
instincts courant à l'aveuglette
Une autre vague ébouriffée ouvre les ailes tombe et
s`éventre entrailles d'émeraude-remords
Mais déjà l'immense éventail horizontal de plumes
d'autruche de la haute mer sur le profil suave d'une
voile femm pensive
Les vagues s'espacent soudain irritation de cette vague
qui se crampone
A qui? à quoi bon? mon canot s'allonge sur de moelleux
coussins ressorts affectueux pessimismes
Pourtant là-haut Volonté à plomb des falaises sous la
sagesse dorée de la lumière devant le désespoir sans
bornes de la couleur verte
Mais ici près du canot cette eau est bien une porcelaine
de lait
Non non des perles des perles et 'extase parfumée de la
peau de Beny
Chère présence dans le jaillissement de sang-désir
Reflets misérables du passé ses jardins jasmins jadis
jadis joujoux
Debout sur la jetée Beny bénie par le soleil
Beny amie des éléments
La mer veut me séduir danser danser descendre monter
escarpolette
Souplesse de tous les
tigres et des chats familiers
Plouff plouff trop bas vvvvv du vent ggggg de toutes les
écumes du plaisir et de la rage trop haut encore plus
haut sur la pointe d'une pyramide
Baleines un troupeau de baleines pour former un pavé
sous les pieds de Beny bénie
Ballons du vent et le vide sous mes pieds parachute
Démolition et décombres d'écume bloc bloc bloc bloc
poids de trois phoques dans mon canot
Gonfler se dégonfler s'aplait creusement abîme vers le
néant
Mais tous les ressorts repoussent comme une virilité
sauvage dans l'immense et si intense chair Sa chair
blanche vert de la mer bénie de Beny
Ondulation animal de la vague sommeils clairs éternels
de métaux ondulés
Porcelaine bleu huile azurée
Azur gras indigo charnel presque des cuisses de
négresses bleues allégresse de fesse nues d'anges bleus
déculottés par les ouragans du Paradis
Elle est debout sur la jetée que l'île pousse bien
avant dans la mer jusqu'à l'amertume intense
Benie!
Beny svelte d'ardeur blanche
Son corps moulé sculpté par la passion qui de la haute
mer se rue
But des vents en lutte pour la saisir
Déchirements saugrenus des vagues qui à ses pieds se
tordent et s'arrachent les cheveux d'écume
C'est donc un coeur un immensurable coeur verdâtre cette
mer
Coer démonté!
Coeur intarissable mer dont les palpitations font danser
mon canot
ce canot dont je suis le bois et la chair criante et les
côtes les clous les nerfs
Canot mon sternum qui encage ce coeur débordant devenu
aujourd'hui la mer atroce qui m'arrache à Beny
Elle est debout sur la jetée vâetue sculptée par le
souffle des distnces qui pleurent
Vagues et vos vagues poignards qui cherchez des coeurs à
percer
Voici le mien! Mais vous riez dégringolades d'oeillades
noires à jamais perdue
Vous m'arrachez à Elle! et vous m'emportez vers mon
enfance quand je ne la connaissais pas et je rêvais
d'elle
Elle est debout sur la jetée qui subit les coups furieux
de ce coeur océan océan océan!
Distance distance je ne la voi plus je la revois mieux
car elle dort près de moi dan son lit comme une mer
sommnolente de nuit d'été
Elle respire
Ses parfums tous les parfums de sa chair cher coeur
Tiède et suave imploration de ser pores enfantins et ses
cheveux jardins sur la mer en plein soleil napolitain
Ivresse d'entrer dans la mer douce de ce ventre et tout
à coup je prends la mer! J'entre je plonge en Elle
Infini
Infini chaud bräulant blessure
Blessure qui m'aime s'éveille et sourit gémit revient
fuit crie appelle veut veut boit tout mon coer océan
Méditerranée Gibraltar Idéal! [Poesie a
Beny]
Δ
L'illa
llança l'escullera força avant en la mar fins l'amargor intensa
Escullera dura geometria dins l'abeurant poesia
dels horitzons líquids
Escullera punyal dins la carn
lamentable dels viatges
Escullera termòmetre dins la
banyera del golf assolellat
Escullera ganiveta de
guillotina que talla onades sanglots mocadors lletres i
gavines dins la tempesta massa aviat massa tard massa
lluny mai
Escullera línia recta assetjada per
triangles cons rombes rúbriques cúpules i baldufes de
follia verdosa
Escullera deure de pedra imposat al
temperament exuberant de la mar vicis negres passions
blaves tenir-ho tot menjar-ho tot xuclar mossegar escopir
bombar delirar
Escullera trampolí d'angoixa sobre la
mar gentada marejada evasió caos química i joc de
botxes verdes que s'espitrega en mànigues de camisa
escuma sensualitat dins els diumenges de l'infern
Sobre
l'escullera dempeus Beny espiral de tendresa perfumada
Ella està vestida però de sobte la nuesa espurnejant de
la seua ànima sota la dutxa d'atzur sol i vent salat
La seua boca La seua boca
L'abrace i els seus braços
al voltant del meu coll i el seu car rostre en el meu pit
Una llarga besada arrencament
Sóc un dels dos llavis
de la ferida i me'n vaig / L'altre és ella dempeus sobre
l'escullera
Les ones mullen els seus peus i riuen fins
a les llàgrimes com jovenetes amb què hom juga a fer
pessigolles iii aaaaaa gggggggg iiiiii glott gluglugu
plic glang glutt
Dins l'aigua fins al ventre roig les
barques greixoses obscenes maternals sota les seues veles
mamelles desinflades la llet de les quals ha nodrit tot
el cel pur infantet
Balle en el meu canot neurastènia
de les ones i les seues manipulacions empenta baralla
assalt de blocs
Boxa de 3 ones dempeus després tots
els trémolos dels violins dels records
Acoblaments de
nostàlgies planyívoles
Estremiment d'ecos
Bastida
de notes ambicioses i de cop i volta el motiu dominant
Esquinçant 20 fibra-nervis i 50 violoncels amb les seues
tornades de remordiments 100 200 1000 clarinets d'angoixa
prehistòrica i per fi a l'uníson cant pla
Folgança
pes de les negacions totals
Tro patètic
Sota el meu
canot que dansa feliç les gorjes calentes de les ones
xerrotegen murmuren cloquegen clapeixen esclafeixen de
riure de cop i volta es barallen
Reconciliació i les
seues confessions sospirs paraules xiuxiuejades a cau
d'orella
La mar vol seduir-me amb les seues orquestres
esquinçades per massa arquets aguts en el meu costat de
Crist crucificat sobre aquesta creu Infinit
La mar vol
seduir-me i arrencar-me Beny melodia pura una unida
contínua infinita
Oh! baixar a les profunditats
absolents
Transparència
Com un cristall de sentiment
entre les ones dels instints que corren a les palpentes
Una altra ona esborrifada obre les ales cau i s'esventra
entranyes de maragda-remordiment
Però ja l'immens
ventall horitzontal de plomes d'estruç de l'alta mar
sobre el perfil suau d'una vela dona pensarosa
Les ones
s'espaien de sobte irritació d'aquesta ona que s'aferra
A qui? per quins set sous? el meu canot s'allarga sobre
tous coixins molles afectuosos pessi- mismes
Amb tot i
això allà dalt Voluntat de plom dels penya-segats sota
la saviesa daurada de la llum davant la desesperació
sense mollons del color verd
Però ací prop del canot
aquesta aigua és ben bé una porcellana de llet
No no
perles perles i l'èxtasi perfumat de la pell de Beny
Cara presència en el broll de sang-desig
Reflexos
miserables del passat els seus jardins gessamins en altre
temps en altre temps joguines
Dempeus a l'escullera
Beny beneïda pel sol
Beny amiga dels elements
La mar
vol seduir-me dansar dansar descendir pujar gronxador
Agilitat de tots els tigres i dels gats familiars
Pluff
pluff massa baix vvvvv del vent ggggg de totes les
escumes del plaer i de la ràbia massa alt encara més
alt a la punta d'una piràmide
Balenes un ramat de
balenes per formar un empedrat sota els peus de Beny
beneïda
Balons de vent i el buit sota els meus peus
paracaigudes
Demolició i enderroc d'escuma bloc bloc
bloc bloc pes de tres foques al meu canot
Inflar
desinflar-se aplatar buidament abisme vers el no-res
Però totes les molles retornen com una virilitat
salvatge en la immensitat i tan intensa carn la Seua carn
blanca verda de la mar beneïda de Beny
Ondulació
animal de l'ona somnis clars eterns de metalls ondulats
Porcellana blava oli atzurat
Atzur gras indi carnal
quasi cuixes de negres blaves joia de natges nues
d'àngels blaus als qui han tret les calces els huracans
del Paradís
Ella està dempeus a l'escullera que
l'illa empeny ben endavant dins la mar fins l'amargor
intensa
Beneïda!
Beny esvelta d'ardor blanc
El seu
cos emmotllat esculpit per la passió que de l'alta mar
es llança
Fitó dels vents en lluita per aferrar-la
Esquinçaments absurds d'ones que als seus peus es
tòrcen i s'arrenquen els cabells d'escuma
És doncs un
cor un immensurable cor verdós aquesta mar
Cor
esvalotat!
Cor inesgotable mar les palpitacions de la
qual fan dansar el meu canot
aquest canot del qual sóc
la fusta i la carn que crida i les costes els claus els
nervis
Canot meu estèrnum que engabia aquest cor
desbordant esdevingut avui la mar atroç que m'arrenca
Beny
Ella està dempeus a l'escullera vestida esculpida
per l'alè de les distàncies que ploren
Ones i les
vostres ones punyals que busqueu cors per travessar
Heus ací el meu! Però vosaltres rieu caigudes d'ullades
negres per sempre perdudes
Vosaltres m'arrenqueu Ella!
i vosaltres m'emporteu vers la meua infantesa quan jo no
la coneixia i jo somiava en ella
Ella està dempeus a
l'escullera que pateix els cops furiosos d'aquest cor
oceà oceà oceà!
Distància distància jo no la veig
més jo la reveig millor car ella dorm al meu costat al
seu llit com una mar somnolenta de nit d'estiu
Ella
respira / Els seus perfums tots els perfums de la seua
carn estimat cor
Tèbia i suau imploració dels seus
porus infantils i els seus cabells jardins sobre la mar a
ple sol napolità
Ebrietat d'entrar dins la mar dolça
d'aquest ventre i de cop i volta prenc la mar! Entre i em
submergesc en Ella Infinit
Infinit calent roent ferida
Ferida que m'estima es desperta i somriu gemega retorna
fuig crida diu vol vol beu tot el meu cor oceà
Mediterràni Gibraltar Ideal
[Versió d'Octavi Monsonís i Joan Navarro]
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