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[F.T. Marinetti]

 

L'île lance la jetée fort avant dans la mer jusqu'à l'amertume intense
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L'illa llança l'escullera força avant en la mar fins l'amargor intensa]

 

 

 
 

 
 

L'île lance la jetée fort avant dans la mer jusqu'à l'amertume intense
Jetée dure géometrie dans l'abreuvante poésie des horizons liquides
Jetée poignard dans la chair lamentable des voyages
Jetée thermomètre dans la baignoire du golfe ensoleillé
Jetée couperet de guillotine qui tranche flots sanglots mouchoirs lettres et mouette dans la tempête trop tôt trop tard trop loin jamais
Jetée ligne droite assiégée par des triangles cônes losanges paraphes coipoles et toupies de folie verdâtre
Jetée devoir de pierre imposé au tempérament exubérant de la mer vices noirs passions bleues tout avoir tout manger sucer mordre cracher pomper délirer
Jetée tremplin d'angoisse sur la mer foule houle évasion tohubohu chimie et jeu de boules vertes qui se débraille en manches de chemise écume sensualité dans les dimanches de l'enfer
Sur la jetée debout Beny spiarle de tendresse parfumée
Elle est vêtue mais soudain la nudité étincelante de son âme sous la douche d?azur soleil et vent salé
Sa bouche Sa bouche
Je l'embrasse et ses bras autour de mon cou et son cher visage dans ma poitrine
Un long baiser arrachement
Je suis l?une des deux làvres de la blesure et je m'en vais
L'autre c'est elle debout sur la jetée
Les vagues mouillent ses pieds en riant aux larmes comme des jeunes filles qu'on joue à chatouiller iii aaaaaa gggggggg iiiiii glott glouglouglou plic glang gloutt
Dans l'eau jusqu'au ventre rouge les barques grasses obscènes maternelles sous leurs voiles mamelles dégonflées dont la lait a nourri tout le ciel pur enfantelet
Je danse dans mon canot neurasthénie des vagues et leurs manipulationsbousculade rixe assaut de blocs
Boxe de 3 vagues debout puis tous les trémolos des violons des souvenirs
Accouplements de nostalgies plaintives
Tressaillement d'échos
Echafaudage de notes ambitieuses et tout à coup les motif dominant
Déchirant 20 fibre-nerfs et 50 violoncelles avec leurs ritournelles de remords 100 200 1000 clarinettes d'angoisse préhistorique et enfin à l'unisson plainchant
Ampleur poids des négations totales
Tonnerre pathétique
Sous mon canot qui danse joyeux les gorges chaudes des vagues jasent gazouillent gloussent jappent pouffent de rire tout a coup se chamaillent
Réconciliation ets leurs aveux soupirs mots chuchotés dans le creux de l'oreille
La mer veut me séduir par ses orchestres dechirés par top d'archets aigus dans mon flanc de Christ crucifié sur cette croix infinie
Oh! decendre aus profendeurs absolvants
Transparence
Comme un cristal de sentiment parmi les vagues des instincts courant à l'aveuglette
Une autre vague ébouriffée ouvre les ailes tombe et s`éventre entrailles d'émeraude-remords
Mais déjà l'immense éventail horizontal de plumes d'autruche de la haute mer sur le profil suave d'une voile femm pensive
Les vagues s'espacent soudain irritation de cette vague qui se crampone
A qui? à quoi bon? mon canot s'allonge sur de moelleux coussins ressorts affectueux pessimismes
Pourtant là-haut Volonté à plomb des falaises sous la sagesse dorée de la lumière devant le désespoir sans bornes de la couleur verte
Mais ici près du canot cette eau est bien une porcelaine de lait
Non non des perles des perles et 'extase parfumée de la peau de Beny
Chère présence dans le jaillissement de sang-désir
Reflets misérables du passé ses jardins jasmins jadis jadis joujoux
Debout sur la jetée Beny bénie par le soleil
Beny amie des éléments
La mer veut me séduir danser danser descendre monter escarpolette
Souplesse de tous les tigres et des chats familiers
Plouff plouff trop bas vvvvv du vent ggggg de toutes les écumes du plaisir et de la rage trop haut encore plus haut sur la pointe d'une pyramide
Baleines un troupeau de baleines pour former un pavé sous les pieds de Beny bénie
Ballons du vent et le vide sous mes pieds parachute
Démolition et décombres d'écume bloc bloc bloc bloc poids de trois phoques dans mon canot
Gonfler se dégonfler s'aplait creusement abîme vers le néant
Mais tous les ressorts repoussent comme une virilité sauvage dans l'immense et si intense chair Sa chair blanche vert de la mer bénie de Beny
Ondulation animal de la vague sommeils clairs éternels de métaux ondulés
Porcelaine bleu huile azurée
Azur gras indigo charnel presque des cuisses de négresses bleues allégresse de fesse nues d'anges bleus déculottés par les ouragans du Paradis

Elle est debout sur la jetée que l'île pousse bien avant dans la mer jusqu'à l'amertume intense
Benie!
Beny svelte d'ardeur blanche
Son corps moulé sculpté par la passion qui de la haute mer se rue
But des vents en lutte pour la saisir
Déchirements saugrenus des vagues qui à ses pieds se tordent et s'arrachent les cheveux d'écume
C'est donc un coeur un immensurable coeur verdâtre cette mer
Coer démonté!
Coeur intarissable mer dont les palpitations font danser mon canot
ce canot dont je suis le bois et la chair criante et les côtes les clous les nerfs
Canot mon sternum qui encage ce coeur débordant devenu aujourd'hui la mer atroce qui m'arrache à Beny
Elle est debout sur la jetée vâetue sculptée par le souffle des distnces qui pleurent
Vagues et vos vagues poignards qui cherchez des coeurs à percer
Voici le mien! Mais vous riez dégringolades d'oeillades noires à jamais perdue
Vous m'arrachez à Elle! et vous m'emportez vers mon enfance quand je ne la connaissais pas et je rêvais d'elle
Elle est debout sur la jetée qui subit les coups furieux de ce coeur océan océan océan!
Distance distance je ne la voi plus je la revois mieux car elle dort près de moi dan son lit comme une mer sommnolente de nuit d'été
Elle respire
Ses parfums tous les parfums de sa chair cher coeur
Tiède et suave imploration de ser pores enfantins et ses cheveux jardins sur la mer en plein soleil napolitain
Ivresse d'entrer dans la mer douce de ce ventre et tout à coup je prends la mer! J'entre je plonge en Elle Infini
Infini chaud bräulant blessure
Blessure qui m'aime s'éveille et sourit gémit revient fuit crie appelle veut veut boit tout mon coer océan Méditerranée Gibraltar Idéal!

[Poesie a Beny]

Δ

 

L'illa llança l'escullera força avant en la mar fins l'amargor intens
Escullera dura geometria dins l'abeurant poesia dels horitzons líquids 
Escullera punyal dins la carn lamentable dels viatges 
Escullera termòmetre dins la banyera del golf assolellat 
Escullera ganiveta de guillotina que talla onades sanglots mocadors lletres i gavines dins la tempesta massa aviat massa tard massa lluny mai
Escullera línia recta assetjada per triangles cons rombes rúbriques cúpules i baldufes de follia verdosa 
Escullera deure de pedra imposat al temperament exuberant de la mar vicis negres passions blaves tenir-ho tot menjar-ho tot xuclar mossegar escopir bombar delirar 
Escullera trampolí d'angoixa sobre la mar gentada marejada evasió caos química i joc de botxes verdes que s'espitrega en mànigues de camisa escuma sensualitat dins els diumenges de l'infern 
Sobre l'escullera dempeus Beny espiral de tendresa perfumada 
Ella està vestida però de sobte la nuesa espurnejant de la seua ànima sota la dutxa d'atzur sol i vent salat 
La seua boca La seua boca 
L'abrace i els seus braços al voltant del meu coll i el seu car rostre en el meu pit 
Una llarga besada arrencament 
Sóc un dels dos llavis de la ferida i me'n vaig / L'altre és ella dempeus sobre l'escullera 
Les ones mullen els seus peus i riuen fins a les llàgrimes com jovenetes amb què hom juga a fer pessigolles iii aaaaaa gggggggg iiiiii glott gluglugu plic glang glutt
Dins l'aigua fins al ventre roig les barques greixoses obscenes maternals sota les seues veles mamelles desinflades la llet de les quals ha nodrit tot el cel pur infantet
Balle en el meu canot neurastènia de les ones i les seues manipulacions empenta baralla assalt de blocs 
Boxa de 3 ones dempeus després tots els trémolos dels violins dels records 
Acoblaments de nostàlgies planyívoles 
Estremiment d'ecos 
Bastida de notes ambicioses i de cop i volta el motiu dominant 
Esquinçant 20 fibra-nervis i 50 violoncels amb les seues tornades de remordiments 100 200 1000 clarinets d'angoixa prehistòrica i per fi a l'uníson cant pla 
Folgança pes de les negacions totals
Tro patètic 
Sota el meu canot que dansa feliç les gorjes calentes de les ones xerrotegen murmuren cloquegen clapeixen esclafeixen de riure de cop i volta es barallen 
Reconciliació i les seues confessions sospirs paraules xiuxiuejades a cau d'orella 
La mar vol seduir-me amb les seues orquestres esquinçades per massa arquets aguts en el meu costat de Crist crucificat sobre aquesta creu Infinit 
La mar vol seduir-me i arrencar-me Beny melodia pura una unida contínua infinita 
Oh! baixar a les profunditats absolents 
Transparència 
Com un cristall de sentiment entre les ones dels instints que corren a les palpentes 
Una altra ona esborrifada obre les ales cau i s'esventra entranyes de maragda-remordiment 
Però ja l'immens ventall horitzontal de plomes d'estruç de l'alta mar sobre el perfil suau d'una vela dona pensarosa 
Les ones s'espaien de sobte irritació d'aquesta ona que s'aferra 
A qui? per quins set sous? el meu canot s'allarga sobre tous coixins molles afectuosos pessi- mismes 
Amb tot i això allà dalt Voluntat de plom dels penya-segats sota la saviesa daurada de la llum davant la desesperació sense mollons del color verd 
Però ací prop del canot aquesta aigua és ben bé una porcellana de llet 
No no perles perles i l'èxtasi perfumat de la pell de Beny
Cara presència en el broll de sang-desig 
Reflexos miserables del passat els seus jardins gessamins en altre temps en altre temps joguines 
Dempeus a l'escullera Beny beneïda pel sol 
Beny amiga dels elements
La mar vol seduir-me dansar dansar descendir pujar gronxador
Agilitat de tots els tigres i dels gats familiars 
Pluff pluff massa baix vvvvv del vent ggggg de totes les escumes del plaer i de la ràbia massa alt encara més alt a la punta d'una piràmide 
Balenes un ramat de balenes per formar un empedrat sota els peus de Beny beneïda 
Balons de vent i el buit sota els meus peus paracaigudes 
Demolició i enderroc d'escuma bloc bloc bloc bloc pes de tres foques al meu canot
Inflar desinflar-se aplatar buidament abisme vers el no-res 
Però totes les molles retornen com una virilitat salvatge en la immensitat i tan intensa carn la Seua carn blanca verda de la mar beneïda de Beny 
Ondulació animal de l'ona somnis clars eterns de metalls ondulats 
Porcellana blava oli atzurat 
Atzur gras indi carnal quasi cuixes de negres blaves joia de natges nues d'àngels blaus als qui han tret les calces els huracans del Paradís 
Ella està dempeus a l'escullera que l'illa empeny ben endavant dins la mar fins l'amargor intensa 
Beneïda! 
Beny esvelta d'ardor blanc 
El seu cos emmotllat esculpit per la passió que de l'alta mar es llança 
Fitó dels vents en lluita per aferrar-la 
Esquinçaments absurds d'ones que als seus peus es tòrcen i s'arrenquen els cabells d'escuma 
És doncs un cor un immensurable cor verdós aquesta mar 
Cor esvalotat! 
Cor inesgotable mar les palpitacions de la qual fan dansar el meu canot 
aquest canot del qual sóc la fusta i la carn que crida i les costes els claus els nervis 
Canot meu estèrnum que engabia aquest cor desbordant esdevingut avui la mar atroç que m'arrenca Beny 
Ella està dempeus a l'escullera vestida esculpida per l'alè de les distàncies que ploren 
Ones i les vostres ones punyals que busqueu cors per travessar 
Heus ací el meu! Però vosaltres rieu caigudes d'ullades negres per sempre perdudes 
Vosaltres m'arrenqueu Ella! i vosaltres m'emporteu vers la meua infantesa quan jo no la coneixia i jo somiava en ella 
Ella està dempeus a l'escullera que pateix els cops furiosos d'aquest cor oceà oceà oceà! 
Distància distància jo no la veig més jo la reveig millor car ella dorm al meu costat al seu llit com una mar somnolenta de nit d'estiu 
Ella respira / Els seus perfums tots els perfums de la seua carn estimat cor 
Tèbia i suau imploració dels seus porus infantils i els seus cabells jardins sobre la mar a ple sol napolità 
Ebrietat d'entrar dins la mar dolça d'aquest ventre i de cop i volta prenc la mar! Entre i em submergesc en Ella Infinit 
Infinit calent roent ferida 
Ferida que m'estima es desperta i somriu gemega retorna fuig crida diu vol vol beu tot el meu cor oceà Mediterràni Gibraltar Ideal


[Versió d'Octavi Monsonís i Joan Navarro]

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